Triste campagne

Publié le par Philippe CHOURAQUI

J'ai beau avoir toujours été intéressé par les émissions politiques, quelque soit l'invité, pour observer leur faculté à faire passer leur message quelque soit la question, cette campagne m'ennuie profondément.

En premier lieu parce qu'elle manque de fond. De mémoire, c'est la campagne la plus marketée, la plus fondée sur l'image. Que lit on dans les journaux le lendemain des interventions des uns et des autres, si ce ne sont des commentaires sur leur voix, leur aisance à s'exprimer, leur tenue vestimentaire, leur gestuelle ? Rien, ou si peu. Il s'agit pour tous de donner une image de Président, de montrer que l'on en a la stature, bien plus que d'exposer un programme, une vision. Etant donné les rôles du Président et du Premier Ministre, il me semblerait également judicieux que chaque candidat nomme clairement son Premier Ministre en cas d'accès au pouvoir. On élirait ainsi davantage une équipe, une politique, qu'un Homme.

Ensuite, parce que tout semble tourner autour du seul thème du changement, que tous les français souhaitent, mais pas trop non plus, au risque de boulverser leurs avantages. A ce petit jeu du ballon glissant du changement, le premier à l'avoir eu en mains fut Nicolas Sarkosy, de par son ambition évidente, qui si elle peut le desservir, lui assure aussi une crédibilité, une stature d'Homme d'Etat.
Le ballon lui glissa alors des mains pour atterrir dans les celles de Ségolène Royal, qui incarna non seulement un changement, mais une mini-révolution culturelle avec la possibilité pour une femme de présider la France. Porteuse de nombreux espoirs, son image s'effrite par son manque d'aisance, ses bourdes, son approximation, les querelles internes du Parti et le retour des éléphants, qui incarne tout sauf une rupture.
Plaquée au sol, elle ne peut qu'offrir le ballon à un Bayrou, certainement le premier surpris de l'avoir en mains si près du but. Sa définition du changement est utopique, mais plait aux français, qui en ont assez de ces alternances gauche / droite, qui font stagner la France. Si le système Bayrou fonctionne si bien, c'est qu'il est moins fait d'adhésion que de rejet du système politique actuel. Une image consensuelle, une politique utopique mais qui fait rêver le peuple, une présentation de soi en homme simple, venant de la Terre et père de 6 enfants, que l'on inviterait volontiers chez soi.

Et c'est peu être tout ce qui compte, finalement, pour être élu. Un minimum de crédibilité et être suffisamment empathique pour que les français aient envie de vous recevoir chez eux. Je pense que Chirac fut élu essentiellement selon ces principes.

Il nous reste un mois et demi pour faire le plan de table !

Publié dans Actualité

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F
Il est vrai qu'elle est terne cette campagne ...<br /> Mais comment demander à un futur président de nommer son premier ministre alors que les élections parlementaires ont lieu après les présidentielles? <br /> Le problème de fond est là, pas de majorité assurée, donc pas de politique présentée. Faut-il revoir le système dans sa globalité est avoir un président à l'Italienne, ayant un rôle quasi réduit à nommer le premier ministre qui sort des urnes des élections parlementaires?<br /> Attention alors à l'instabilité de cette majorité. Le système électoral majoritaire garanti une stabilité mais les rôles de chacun (président, premier ministre et parlement) et le timing des élections immobilisent la France ...
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P
Le meilleur exemple de cette immobilisme dû aux élections est la cessation de l'activité parlementaire depuis une quinzaine de jours et jusqu'à l'élection. Je ne suis pas très au fait des textes constitutionnels, mais, instinctivement, je penche pour une fusion des fonctions de Président et de Premier Ministre en une seule personne.